Focus sur le fonctionnement de la consigne en
2024 et son avenir dans le secteur du vin.
Les bouteilles en verre posent plusieurs défis majeurs pour l'industrie viticole. D'une part, le secteur
est confronté à une pénurie de ce
matériau et à une hausse de ses
coûts. D'autre part, écologiquement,
le verre est une source importante
d'émissions de carbone, comptant
de 17 % à 27 % sur l'impact environnemental d'un domaine viticole*.
Pourquoi envisager le
réemploi des bouteilles ?
Face à ces défis, le réemploi des bouteilles en verre s'impose comme une
solution pertinente. Cette démarche
est encore valorisée par les récentes
évolutions législatives, telles que
la loi AGEC qui requiert des entreprises d'atteindre 10 % d'emballages
réutilisables d'ici 2027. De plus, une
demande croissante des consommateurs pour des pratiques écologiques
renforce cette tendance. Selon une
étude de l'IFOP pour WWF, 88 % des
Français soutiennent le retour de la
consigne. Ainsi, le réemploi des bouteilles ne répond pas seulement aux
exigences actuelles, mais représente
aussi une opportunité stratégique.
Pourquoi le réemploi est-il
préférable au recyclage ?
La recherche de solution pourrait
tout aussi bien se porter sur le recyclage du verre. Cependant, le réemploi se révèle être une alternative plus
avantageuse. Contrairement au recyclage, qui nécessite l'introduction de
nouvelles ressources, une bouteille
en verre peut être réutilisée jusqu'à
50 fois. Le réemploi offre ainsi des
bénéfices écologiques significatifs
par rapport au recyclage : une économie de 51 % d'eau et une réduction
de 79 % des émissions de gaz à effet
de serre.
Quelles démarches pour
adopter le système de
consigne ?
Étape 1 - Prise de contact avec une
organisation pour bénéficier de
conseils spécifiques.
Étape 2 - C h o i x d e b o u t e i l l e s
conformes aux standards de réemploi et des étiquettes munies de colle
lessivable.
Étape 3 - Obtention d’une certification attestant que les bouteilles sont
réemployables et d’un logo à apposer sur les étiquettes.
Étape 4 - Collaboration avec l'opérateur de collecte pour identifier les distributeurs et les informer de la réemployabilité des bouteilles. Ils pourront
alors choisir de devenir des points de
collecte s’ils ne le sont pas déjà.
De plus en plus de domaines
franchissent le pas
Le Domaine Vendome, dans l'appellation Crozes-Hermitage, a récemment adopté la consigne pour
réduire son impact environnemental. Céline Roudier,
vigneronne, explique : « Nos réflexions ont débuté à
Millésime Bio 2023, nous avions alors pris contact avec
un prestataire pour nous positionner comme pionniers.»
Le passage au réemploi a nécessité plusieurs ajustements : adoption de bouteilles de forme standard, modification des Cahiers des charges pour les étiquettes et
amélioration des conditions de stockage. Durant la
période de transition, le domaine a bénéficié du lavage
à façon, une méthode permettant de nettoyer les bouteilles déjà en circulation.
Les avantages de cette démarche sont significatifs. « Cela
va nous permettre de diminuer notre empreinte carbone, mais aussi de renforcer notre image de marque
et d’aligner nos pratiques avec notre philosophie de production durable, » précise Céline Roudier.
Elle conclut : « Le processus a été relativement simple.
Nous n'avons rencontré aucune difficulté majeure. Nous
apprécions particulièrement la flexibilité du système,
qui nous permet de ne pas consigner toutes nos cuvées
simultanément. »
Le Domaine Vendome n'est pas isolé dans cette
démarche. D'autres domaines comme Rémy Nodin, M.
Chapoutier et l'AOC Ventoux ont également adopté la
consigne, contribuant chacun à la dynamique de réemploi dans la Vallée du Rhône.
Quel avenir pour la consigne ?
La consigne pour les bouteilles de vin gagne en popularité, répondant à une demande croissante des consommateurs pour des pratiques écoresponsables. Ces développements devraient renforcer un cycle vertueux : plus
de bouteilles en circulation signifie une plus grande efficacité du système de consigne.
L'adhésion croissante des vignerons à ce système est
cruciale. En adoptant la consigne, les vignerons non seulement anticipent les nouvelles réglementations mais
contribuent activement à la transformation écologique
de leur secteur, ce qui profite tant à l'environnement qu'à
leur viabilité économique..