Sur 8 hectares répartis en 20 parcelles,
Pablo Hocht produit 20 000 bouteilles
de vin par an. Cet ingénieur chimiste
promis à une vie de chercheur,
a préféré une vie proche de la nature,
sur le terroir bucolique de son
enfance entre un père artiste et
une mère enseignante.
Fils d’un artiste peintre qui avait
acheté une ruine sur les hauteurs
de Séguret dans les années
1970, Pablo Hocht s'oriente vers une
carrière de chercheur. Mais une fois
son DEA de biochimiste en poche et
une première expérience passée au
CNRS (Centre National de Recherche
Scientifique), ses racines aux pieds
des dentelles de Montmirail l’ont
rappelé. « J’ai pris conscience que
pour exercer le métier de chercheur,
il fallait vivre en ville et travailler dans
un bureau. A partir de mes sept ou
huit ans, avec notre petite parcelle
de gobelets, chaque année avec
mon père, nous faisions 150 litres de
vin. Parfois il n’était pas bon mais je
trouvais cette activité réjouissante, »
explique le jeune quadragénaire.
Désormais, ce sont 20 000 bouteilles
qui sont annuellement produites sur
son exploitation du Crève-cœur. Un
véritable travail de vigneron-artisan
puisque les 8 hectares de l’exploitation sont éparpillés en une vingtaine
de parcelles entre Sablet et Séguret.
« J’ai effectivement une toute petite
exploitation, reprend le vigneron. Je
ne suis pas écrasé par les emprunts
et la folie des grandeurs. La force
d’être petit, c’est que je peux faire des
vins qui me plaisent. J’aurai toujours
un public en face de moi. Les gros
domaines doivent coller à un marché
car ils ont des volumes à vendre. »
« Avec
8 hectares, je
suis à ma taille
de croisière »
Pablo Hocht
En 2010, son diplôme d'œnologue
en poche, Pablo Hocht s’est lancé
dans l’aventure avec 3 hectares en
fermage appartenant au père d’un
copain d’enfance qui prenait sa
retraite. Puis il acheta deux hectares
à Sablet. Simultanément à l’apprentissage de son métier de viticulteur,
jusqu’en 2016, il s'aguerrit aux gestes
de caviste au château Saint-Côme
de Gigondas. Puis ce fut le grand
saut avec la construction d’un chai,
d’une cave… le tout à taille humaine.
« Aujourd’hui, je suis à ma taille de
croisière, ajoute Pablo Hocht. J’ai un
Côtes du Rhône, un Sablet et deux
Séguret. Mes vins s'appellent sobrement « Crève-cœur », du nom d’une
vieille bouteille que nous avions
retrouvée dans la ferme et aussi le
Pacha mama pour une cuvée faite
avec des raisins de nos plus vieilles
vignes. J’élève seulement 5% de ma
production en rosé et 10% en blanc. »
Le Crève-cœur propose des vins équilibrés mais puissants et tanniques
qui revendiquent une identité. Ses
adeptes apprécient à la fois la philosophie d’un vin, d’un emplacement
géographique, et de son vigneron
qui respirent la culture biologique. Si
la moitié de la production part à l’exportation, 25 % sont proposés par les
cavistes et 20% vendus au domaine.
Mais n’allez pas au Crève-cœur tout
seul, au hasard. D’ailleurs, la mauvaise
signalétique ne le permettra pas
et vous perdrez rapidement votre
chemin entre les pins et la garrigue
du pied des Dentelles de Montmirail.
Non, le Crève-cœur, comme les
moments de plaisir et de partage, se
méritent. Il faut prendre rendez-vous
avec ce vigneron qui incarne si bien
l'idée qu’un vin est une rencontre.