La Clairette de Bellegarde, vin blanc
tranquille, a trois spécificités : c’est
l’une des plus anciennes AOC de la
Vallée du Rhône (1949), elle est constituée d’un cépage unique, le vignoble
de seulement 9ha est circonscrit au
périmètre communal de Bellegarde.
Rencontre avec Cyril Marès, Président
du Syndicat des Costières de Nîmes
et de la Clairette de Bellegarde.
« Son histoire est liée aux moines
trappistes de l’Abbaye de Notre
Dame des Neiges, commune de
Saint-Laurent-les-Bains-Laval-d'Aurelle dans la montagne ardéchoise.
Ils avaient une cave à Bellegarde, ils
achetaient du raisin, vinifiaient sur
place et expédiaient le vin à l’abbaye
où ils l’élevaient en foudre. Ce cépage
a toujours été présent dans la région.
Au XIXe, mon aïeul Henri Marès, s’interrogeait sur la date de plantation d’une vielle parcelle de Clairette
sur son domaine. Les employés lui
ont répondu qu’ils l’avaient toujours
connue. Il a aussi écrit une ampélographie dans laquelle il explique :
« La vraie place de la Clairette est
dans les coteaux secs, pierreux,
bien ré-essuyés, en sols assez profonds argilo-calcaire et siliceux qui
permettent de rendre perméable
sans souffrir des sécheresses d’été ».
C’était il y a 135 ans et c’est l’exacte
description de notre terroir »
Un beau fleuron pour L’AOC
« Nous sommes 6 producteurs : les
Vignerons Créateurs, les domaines
Terre de Chardon, Belle d’Argence, le
Clos des Bouts de Sylvain Bouté, mon
domaine, le Mas Carlot, et le Mas St
Benézet. Nous sommes, à l’exception
du Mas St Bénézet, en bio où biodynamie et tous très engagés pour
faire une Clairette haut de gamme.
La production moyenne avoisine les
500 hl soit quelque 70 000 bouteilles
vendues en CHR, aux caveaux et à
l’export. C’est un cépage qui reflète
bien le terroir quand on lui impose
des rendements restreints. Pour le
vigneron, c’est une page blanche qui
lui permet d’exprimer sa sensibilité. Il y a deux écoles : ceux qui effectuent une vendange précoce et ceux
qui attendent que le raisin soit à sa
maturité optimale. C’est un blanc de
garde et nous sommes plusieurs à
l’élever deux ans en cuve, avec pour
certains des volumes passés en barrique, avant la mise en marché »
conclut Cyril Marès.
Terre de Chardon, un domaine
en polyculture par vocation
Issu d’une famille d’agriculteurs venue
d’Anjou, pionnier dans le bio, très
engagé au sein de la FNSEA, Dominique Chardon achète le domaine
dans les années 80. Essentiellement
tournée vers le maraîchage et l’arboriculture, la vigne et plus particulièrement la Clairette, reviennent avec
Jérôme (fils de Dominique) quand il
rejoint le domaine en 1999. Un choix
motivé par l’envie de valoriser une
AOC endogène atypique qui gagne
en vieillissant, et un cépage qui vit
bien le changement climatique. « Au
cours des 4 dernières années, nous
avons eu 4 millésimes différents
et la Clairette répond toujours présente. Notre production représente
5000 bouteilles, vendues à 80 % chez
les cavistes après 2 ans d’élevage
au domaine » explique Alex Didier Lozano, responsable commercial.