Les vignerons des Costières de Nîmes ont le sourire. Le syndicat de l’appellation a présenté ses perspectives d’avenir lors de sa conférence de presse annuelle : nouvelle équipe, bilan économique positif, récolte qualitative. Ce syndicat en mouvement se veut résolument tourné vers la biodiversité, culture de la vie locale et actions collectives rythmeront les prochains mois. Cyril Marès, vigneron au Mas des Bressades et du Mas Carlot et nouveau président de l’appellation (élu en mai dernier), cultive cette nouvelle dynamique : « Nous avons un terroir exceptionnel. L’Humain est assez incroyable ici, il y a des personnes impliquées et dynamiques, toutes générations confondues ». Jérôme Castillon, vigneron au Château l’Ermite d’Auzan et vice-président de l’appellation affirme: « Nous sommes persuadés qu’il y a une âme Costières ».
Une nouvelle équipe surmotivée
Aurélie Pujol, directrice du Syndicat a présenté la nouvelle équipe, soutenue par une brigade administrative l’avenir : actions en faveur de de 5 personnes, motivée et pluridisciplinaire. Cyril Marès annonce un millésime qualitatif : « En Costières, terre bénie des dieux, les pluies de printemps ont permis une belle réserve hydrique. Nous n’avons pas connu de phénomène de sécheresse marqué. Le très beau mois de septembre a permis de récolter à maturité optimale. Ainsi on note déjà de belles fraîcheurs et vivacités sur les blancs et les rosés et des tanins souples sur les rouges, avec un beau potentiel. Nous sommes prêts à affronter les marchés ! »
Des équilibres économiques
L’appellation estime sa récolte 2023 à environ 136 000 hl, en baisse par rapport aux années précédentes. « Les vignerons ont souhaité orienter leur production. Nos équilibres économiques sont sains, la production est en phase avec les sorties de chais », explique le président.
Aurélie Pujol ajoute : « Les vignerons ont eu la perspicacité de ne pas surproduire et ainsi gagner en valeur ».
Les prix moyens se situent à 117,90 €/hl pour le rouge (– 6 % vs juillet 2022), 120,10 €/hl pour le rosé (– 5 %) et 125,50 €/hl pour le blanc (– 9 %).«Dans un contexte de repli généralisé, nous avons stabilisé nos prix, même s’ils ne sont pas satisfaisants pour nous », mentionne Jérôme Castillon.
En GMS, l’appellation progresse en volume (+ 1,4 %) tout en augmentant ses prix (+ 5,5 %), alors que les autres appellations, exceptée Côtes du Rhône, sont en net recul. A l’export, trois marchés sont en baisse en volume : Etats-Unis – 33 % vs 2022 / Chine –50% / Grande Bretagne –26%. En revanche, l’appellation performe en Belgique (+ 8 % des volumes vs 2022), au Canada (+ 12 %), au Danemark (+ 3 %) et se stabilise en Allemagne.
En valeur, l’appellation se surpasse au Danemark (+ 67 % vs 2022), en Allemagne
LA CLAIRETTE DE BELLEGARDE, L’APPELLATION 100 % BIO
La Clairette de Bellegarde, dont Cyril Marès est l’un des 4 producteurs, est reconnue AOP depuis 1949. Elle affirme aujourd’hui sa modernité grâce au cépage clairette, en adéquation à la fois avec les nouvelles demandes des consommateurs et avec les évolutions climatiques. 250 hl ont été revendiqués en 2022, 100 % bio. +32%, au Canada (+28%), en Belgique (+ 19 %), en Suisse et aux Pays-Bas (+ 11 %). « Nous avons des bases saines. Les vignerons sont armés pour af fronter cette crise grâce au terroir, aux vins et à l’humain. Nous pouvons envisager l’avenir sereinement », af firme Cyril Marès.
Cultiver la vie locale
Le syndicat a la particularité d’organiser de nombreuses actions « made in Costières ». « Avec notre triptyque majeur : Bodega des Costières (du 16 au 20mai 2024), JeudiVin (9 dates du 4 au 29 août) et Costières Sonore (en été), nous occupons le terrain nîmois durant toute la période estivale », annonce fièrement Patrick Mallet, en charge de la communication de l’appellation.
D’autres événements majeurs rythmeront l’été prochain : d’abord Vignes Toquées les 1er et 2 juin 2024. Pour cet événement, l’appellation fait appel au Chef Franck Putelat, 2 étoiles Michelin. « Grâce à lui, le très haut niveau de la gastronomie française perdure sur Vignes Toquées », ajoute Patrick Mallet. « L’appellation va ouvrir son pavillon ; une ambassade pour assurer le prestige de l’appellation. Elle verra le jour en mai2024 sur l’esplanade
Charles de Gaulle, en face des arènes de Nîmes », annonce fièrement Aurélie Pujol. Ce nouveau lieu abritera un bar à vins, des afterwork ; et proposera des ateliers d’œnologie et une offre de privatisation. « Nous souhaitons être ouverts aux Nîmois et aux touristes pour montrer notre savoir-faire », ajoute Jérôme Castillon. « Cela fait partie de cette belle synergie avec la ville de Nîmes à laquelle nous sommes très attachés », conclut Cyril Marès. Cette appellation fédératrice et unifiante, aux multiples projets, regarde l’avenir avec confiance.
Isabelle Gibier