Au cœur des Dentelles de Montmirail,
Maéva Gauci travaille à sa première
vinification au Domaine de la Bouïssière à
Gigondas, avec ses oncles Thierry et Gilles
Faravel.
L'histoire commence au début
du siècle dernier. Anthonin
et Adrien Faravel, deux frères
marseillais, achètent cinq hectares
de bois au pied d’une des falaises
des dentelles de Montmirail, sur la
commune de Gigondas. Si le premier
meurt au front en 1915 ; le second
devient berger et facteur dans ce coin
du Vaucluse où la vigne était encore
rare. « C’est là que mon grand-père a
rencontré ma grand-mère » explique
Thierry Faravel, l’un des co-dirigeants
du domaine de la Bouïssière. De
cette union, les quartiers dits le
Cayron et Beauregard, jadis couverts
de garrigues et de pins, ont rejoint
une même famille.
« Nous avons
beaucoup
été aidés par
le domaine
Amadieu »
« Dès l’âge de 14 ans, mon père est
allé travailler sur l’immense domaine
de Pierre Amadieu », reprend le
vigneron. « Une famille à qui nous
devons beaucoup ; chez qui mon
père fut chef de culture pendant plus
de 40 ans, où j’ai moi-même travaillé comme caviste entre 1981 et 1989.
Entre 1956 et 1970, les descendants
de la famille Amadieu ont aidé mon
père à défricher sa forêt et à obtenir
des emprunts auprès des banques
pour planter nos 8 premiers hectares
de vigne. »
En 1978, le père de Thierry Faravel
décide de produire son propre vin,
rapidement rejoint sur l’exploitation par son autre fils Gilles, puis par
Thierry, quelques années plus tard
pour superviser les vinifications. Les
deux frères ont ensuite été rejoints
par leur petite sœur Josiane, à la
comptabilité.
Une transmission
familiale et féminine
Été 2023, c’est au tour de Maéva, de
rejoindre sa mère Josiane et ses deux
oncles sur cette exploitation familiale. Après un bac S, elle s'oriente
vers une licence Eco et Langues. Mais
le Covid lui fait revoir ses projets. Elle
se découvre une passion pour le vin
et opte pour un master en école de
commerce vin et marketing puis un
BTS viti oeno. « J’ai commencé par
les vendanges et je continue avec
la vinification, après j’irai dans les
vignes. J’ai besoin d’apprendre et j'ai
vraiment envie de maîtriser tous les
aspects du métier » souligne la jeune
femme.
Un domaine viticole très féminin
puisque 3 générations de femmes
perpétuent l’héritage familial. Même
la grand-mère, Geneviève, qui a tenu
le caveau du centre du village durant
de nombreuses années, ne peut se
passer de venir à la cave chaque jour.
Chez les Faravel, 60% des jeunes vins
sont élevés pendant un an dans des
fûts ou des foudres et le reste dans
des cuves en béton. Puis ils sont
assemblés et patientent encore
au minimum six mois avant d’être
commercialisés, jusqu’à ce que les
consommateurs de Tokyo, New York,
Bruxelles ou Vaison-la-Romaine ne
découvrent ces vins denses et longs
en bouche, comme une histoire de
famille.