[Gigondas] Les femmes omniprésentes à la Bouïssière

[Gigondas] Les femmes omniprésentes à la Bouïssière

Modifié le 18/03/2024

 © Bernard Sorbier

Au cœur des Dentelles de Montmirail, Maéva Gauci travaille à sa première vinification au Domaine de la Bouïssière à Gigondas, avec ses oncles Thierry et Gilles Faravel.

L'histoire commence au début du siècle dernier. Anthonin et Adrien Faravel, deux frères marseillais, achètent cinq hectares de bois au pied d’une des falaises des dentelles de Montmirail, sur la commune de Gigondas. Si le premier meurt au front en 1915  ; le second devient berger et facteur dans ce coin du Vaucluse où la vigne était encore rare. « C’est là que mon grand-père a rencontré ma grand-mère » explique Thierry Faravel, l’un des co-dirigeants du domaine de la Bouïssière. De cette union, les quartiers dits le Cayron et Beauregard, jadis couverts de garrigues et de pins, ont rejoint une même famille.

 « Nous avons beaucoup été aidés par le domaine Amadieu »

 « Dès l’âge de 14 ans, mon père est allé travailler sur l’immense domaine de Pierre Amadieu  », reprend le vigneron. «  Une famille à qui nous devons beaucoup  ; chez qui mon père fut chef de culture pendant plus de 40 ans, où j’ai moi-même travaillé comme caviste entre 1981 et 1989. Entre 1956 et 1970, les descendants de la famille Amadieu ont aidé mon père à défricher sa forêt et à obtenir des emprunts auprès des banques pour planter nos 8 premiers hectares de vigne. » En 1978, le père de Thierry Faravel décide de produire son propre vin, rapidement rejoint sur l’exploitation par son autre fils Gilles, puis par Thierry, quelques années plus tard pour superviser les vinifications. Les deux frères ont ensuite été rejoints par leur petite sœur Josiane, à la comptabilité. 

Une transmission familiale et féminine 

Été 2023, c’est au tour de Maéva, de rejoindre sa mère Josiane et ses deux oncles sur cette exploitation familiale. Après un bac S, elle s'oriente vers une licence Eco et Langues. Mais le Covid lui fait revoir ses projets. Elle se découvre une passion pour le vin et opte pour un master en école de commerce vin et marketing puis un BTS viti oeno. «  J’ai commencé par les vendanges et je continue avec la vinification, après j’irai dans les vignes. J’ai besoin d’apprendre et j'ai vraiment envie de maîtriser tous les aspects du métier » souligne la jeune femme. Un domaine viticole très féminin puisque 3 générations de femmes perpétuent l’héritage familial. Même la grand-mère, Geneviève, qui a tenu le caveau du centre du village durant de nombreuses années, ne peut se passer de venir à la cave chaque jour. Chez les Faravel, 60% des jeunes vins sont élevés pendant un an dans des fûts ou des foudres et le reste dans des cuves en béton. Puis ils sont assemblés et patientent encore au minimum six mois avant d’être commercialisés, jusqu’à ce que les consommateurs de Tokyo, New York, Bruxelles ou Vaison-la-Romaine ne découvrent ces vins denses et longs en bouche, comme une histoire de famille. 


 Bernard Sorbier