L’histoire de Laudun débute en 1945,
quand un groupe de vignerons
« illuminés », visionnaires, imagine
Laudun en Cru. En 1947, après avoir
établi un Cahier des charges, rédigé
un rapport juridique et historique,
la demande de passage en Cru est
déposée au tribunal d’Uzès, qui
délibère favorablement. Mais pour
que cette décision soit effective, il
faut que la délibération du tribunal
soit entérinée par le Syndicat Général
des Côtes du Rhône, alors présidé par
Pierre Le Roy de Boiseaumarié, dit le
baron Le Roy. Cette signature n’arrivera jamais, contrairement à Lirac,
reconnu Cru dans les trois couleurs
dès 1947.
Une longue quête vers la
reconnaissance en Cru
Cette indifférence n'altère cependant pas la combativité des vignerons de Laudun, Saint-Victor-Lacoste et Tresques. Au terme d’un
lobbying incessant auprès de l’INAO,
ils obtiennent l’autorisation d’inscrire la mention “Côtes du Rhône
Laudun” sur les étiquettes. En 1967, ils
intègrent officiellement la famille des
Côtes du Rhône Villages avec nom
de commune. Dès 1980, une nouvelle
demande est déposée pour accéder au statut de Cru, mais elle reste
sans réponse. Cependant, en 2013,
dans une période de turbulences
économiques, le dossier est à nouveau soumis à l’INAO. Après 11 ans
de négociations, de découpage parcellaire et de démarches administratives, Laudun devient, en septembre
2024, le 18 Cru de la Vallée du Rhône,
en rouge et en blanc.
Cette reconnaissance couronne le
savoir-faire des vignerons engagés
dans ce long processus, initié par
les grands-parents de Luc Pélaquié,
président du Syndicat des vins de
Laudun. Cette victoire rejaillit sur l’ensemble des acteurs de la filière viticole. C'est aussi une reconnaissance
pour ce terroir exceptionnel du Gard
rhodanien, qui, avec Tavel et Lirac,
affiche une belle unité territoriale et
produit des vins dans les trois couleurs, aux qualités organoleptiques
reconnues.
Un nouvel élan pour la
viticulture de Laudun en 2024
« Cette décision intervient dans une
période d’instabilité où nous avons
besoin d’être soudés pour affronter les turbulences du marché. Nous
sommes à l’aube d’une nouvelle histoire que nous allons écrire ensemble
au sein de la section Laudun. Avec
Inter Rhône, nous devons affirmer
l’identité de la rive droite du Rhône,
qui reste le berceau des Côtes du
Rhône. Avec la CVO, nous aurons
plus de facilités pour communiquer,
et le fait d’être en Cru nous permettra de faire évoluer le Cahier des
charges de l’appellation plus facilement. Notre première action sera
de présenter nos blancs, cuvée 2024,
à Wine Paris en février prochain.
Nous travaillons également avec
une agence sur une étude de positionnement et une nouvelle identité
visuelle. Nous devons garder le cap
avec une qualité en phase avec les
attentes des consommateurs de Cru
et maintenir nos prix actuels. Monter
en gamme implique d’être crédible ;
nous ne sommes pas dans un esprit
spéculatif », explique Luc Pélaquié.